L’aérophonoscope a été conçu par G. Rineau, orthophoniste, et développé dans le service de chirurgie Maxillo-faciale de Nantes par le Pr. Delaire, où il a ensuite été testé, pendant presque 2 ans, auprès d’enfants porteurs de fentes.

Depuis sa création, l’aérophonoscope a connu 3 évolutions majeures. La version actuellement commercialisée par la société Orthalis est celle de « l’aérophonoscope RD » (2006).



LE MATÉRIEL

Cet appareil se compose d’un capteur relié par un port USB à un ordinateur sur lequel a été installé le logiciel AERO RD (version 2006) au moyen d’un CD.

Ce capteur est composé de trois orifices dans lesquels sont placés des fils chauds (fils en platine chauffés à 100°C par le passage d’un courant électrique et refroidis au passage de l’air expiré par le patient) dédiés au souffle nasal droit, nasal gauche et au souffle buccal. Le passage d’air refroidit le fil chaud en fonction de sa vitesse d’écoulement.

La partie supérieure du capteur est placée contre l’épine nasale, bien symétriquement au-dessous des narines. La partie antérieure est placée devant la bouche. Il est conseillé de faire tenir le capteur par la personne évaluée.

Par mesure d’hygiène, il est nécessaire de protéger le capteur en la recouvrant d’une compresse fixée au velcro.



Photos Orthalis, documentation de présentation de l’aérophonoscope RD


COMMENT CA MARCHE ?

Le capteur, placé sous les ailes narinaires, va détecter des flux d’air nasal anormaux, comme le ferait un miroir de Glätzel.

La buée qui se formait auparavant sur le miroir va être transformée en courbes sinusoïdales sur l’écran, dont la forme variera en fonction du temps et de la quantité d’air nasal expirée.

La détection par cet appareil d’un flux d’air nasal lors de la répétition de phonèmes, de mots ou de phrases oralisés, objective le phénomène de la déperdition nasale et en quantifie la sévérité.



A et B. Mouvements du voile en phonation sur phonèmes oralisés (A) et sur phonèmes nasalisés (B).

A1 et B1. Principes de l’aérophonoscope sur phonèmes oralisés (A1: courbe du flux d’air nasal plate)

et sur phonèmes nasalisés (B1 : courbe indiquant un flux d’air nasal).



Sur l’ordinateur ill est possible de visualiser les flux d’air nasal et buccal soit par le module « Visuel », où apparaît le visage d’un enfant (A et B), soit par le mode « Types d’examen » (C) avec le tracé des courbes.

Le flux d’air nasal est représenté en bleu et le flux d’air buccal en rouge.



Visualisation des flux d’air nasal et buccal en mode « Visuel »

A. Respiration exclusivement nasale (bleu). B. Respiration mixte (bleu et rouge).



                                                   

                       


           Visualisation en mode «Types d’examen»

C. Objectivation par la courbe d’un flux d’air nasal sur l’émission d’un [a] tenu à trois reprises



L’AÉROPHONOSCOPE DANS LE DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE DE L’IVP


Grâce à la sensibilité des capteurs de flux d’air nasal, les mouvements d’ouverture et de fermeture du sphincter vélo-pharyngé sont clairement visibles sur les courbes proposées par l’outil, objectivant le potentiel musculaire du sphincter et permettant de vérifier :

  - sa rigidité

  - ses possibilités d’ouverture et de fermeture complète

  - sa rapidité d’exécution des mouvements d’ouverture et de fermeture

  - sa stabilité


L’analyse de la parole avec l’aérophonoscope permet ainsi de déterminer l’origine étiologie de l’IVP selon 3 profils « typiques » :

- le profil dysmorphique (organique, structurel) : béances vélopharyngées (voile ou néo-voile court avant ou après opération et/ou cavum profond) ; voile rigide (constitutionnel ou post opératoire), voile cicatriciel

- le profil dysfonctionnel : voile potentiellement performant, mais qui a un retard ou une insuffisance de développement (cas de retard mental, surdité, névrose, immaturité psychologique, mimétisme culturel) ou qui conserve des habitudes post chirurgicales (hypotonie fonctionnelle du voile)

- le profil neurologique : neuropathies flasques ou spasmodiques, syndromes dystoniques ou dyspraxiques généraux ou localisés à la sphère bucco-faciale.


En pratique, il existe cependant de nombreux profils mixtes ou atypiques, associant différents facteurs, complexifiant l’analyse du profil et les conclusions sur l’étiologie de l’IVP.



CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR L’AÉROPHONOSCOPE


Comment interpréter les pourcentages de flux d’air nasal et buccal ?

L’aérophonoscope propose en théorie une quantification du flux d’air nasal et du flux d’air buccal par des pourcentages.

En pratique, les pourcentages ne fonctionnent pas toujours et ne sont pas fiables. Il est donc préférable de se fier à la hauteur de la courbe, en définissant une hauteur maximale (=100 %) et minimale (=0%) que l’on paramètrera dans l’outil grâce au menu « Configurations / Amplitude » (voir plus bas). En divisant la hauteur de la courbe par 4, on obtient visuellement les mesures intermédiaires (25%, 50%, 75%).




Par ailleurs, la courbe d’air buccal ne fonctionne pas toujours en « synergie » avec la courbe d’air nasal, ce qui induit en erreur l’utilisateur et laisse penser que l’outil ne fonctionne pas. Souvent, la courbe d’air buccal est anormalement plate (variable selon le placement du capteur devant la bouche ou un peu éloigné). Quoi qu’il en soit, ce que l’on cherche à objectiver est la déperdition nasale. On ne regardera donc que la courbe d’air nasal pour observer l’absence ou la présence d’un flux d’air nasal et son importance. Rien ne sert de comparer la simultanéité des courbes buccal/nasal.


Comment paramétrer les courbes ?

Le paramétrage est important, car il permet notamment de calibrer les courbes pour la hauteur maximale (= 100 %) et de régler la sensibilité et la vitesse de défilement des courbes. A Nice, nous avons opté pour ce paramétrage :



        


   


Il nous a donc paru important, suite à ces observations, aux difficultés d’utilisation de cet outil au démarrage et aux différents témoignages d’orthophonistes, de partager ces informations et de proposer des outils d’aide à la compréhension et à son utilisation dans le bilan de l’IVP.

 
 
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